Embarquez pour la Chine maoïste et venez faire votre «rééducation» avec le narrateur et son ami Luo. Et tant que vous y êtes, tentez de faire valoir votre passion pour la littérature malgré son interdiction 😉

Couverture Balzac et la petite tailleuse chinoise

Dans Balzac et la Petite Tailleuse chinoise, nous suivons deux garçons d’environ 17 ans : Mâ (le narrateur, qui n’a pas de nom dans le livre, mais qui porte le prénom Mâ dans le film, semble-t-il) et son ami d’enfance Luo. Tous deux sont envoyés en rééducation dans un village montagnard. Sous Mao, les jeunes ayant terminé ce que nous pourrions appeler le lycée étaient envoyés à la campagne pour être «rééduqués» par les paysans. Les livres (hormis ceux acceptés par Mao) étaient proscrits. Mâ et Luo sont censés simplement travailler pour le village…et le moins que l’on puisse dire, c’est que leurs tâches sont plutôt ingrates.

Au fil du récit, d’autres personnages apparaissent comme le Binoclard, ami de Mâ et de Luo et la fille du tailleur, surnommée la Petite Tailleuse. L’intrigue tourne autour de l’amour naissant entre Luo et la Petite Tailleuse et la découverte de romans classiques européens dans une valise du Binoclard, qui effectue lui aussi sa rééducation.

L’aspect historique du roman est plutôt intéressant. On en apprend un peu sur l’histoire de la Chine mais c’est malheureusement à peu près le seul élément que j’ai apprécié. J’ai bien aimé aussi le  caractère rebelle de Mâ et de Luo. Ils prennent des risques pour conserver leur culture, pour continuer à lire, pour faire découvrir Balzac et d’autres auteurs classiques à la Petite Tailleuse. Ils ont une soif de culture et de lecture qui me plaît beaucoup. J’aime penser que certains jeunes aient réellement tenté de conserver des livres interdits pendant leur rééducation.

Cependant, je m’attendais peut-être à un peu plus de développement psychologique des personnages, notamment par rapport à la Petite Tailleuse. Je n’ai pas l’impression de la connaître tant que ça. Seule la fin me semble vraiment centrée sur elle, alors que le titre fait clairement allusion à son personnage.

J’ai aussi été déçue parce que je m’attendais à ce que l’auteur parle un peu plus des livres trouvés dans la valise. Seuls deux ou trois romans sont décrits et j’aurais apprécié avoir plus de commentaires de la part des personnages sur les romans découverts. J’aurais voulu découvrir des auteurs que je n’ai pas encore lus, des romans que je ne connais pas. De par la quatrième de couverture, je croyais vraiment que l’accent serait mis sur les livres et les auteurs classiques, je me suis donc retrouvée les mains vides de ce côté-là.

Le rythme de l’histoire fait penser à un roman d’aventure. En effet, l’auteur ne s’attarde pas beaucoup sur des détails inutiles, nous plongeant plus souvent dans l’action. Mâ nous raconte les péripéties vécues avec Luo, nous emmenant avec lui. Je lis rarement des romans de ce genre et je dois dire que ce point m’a bien plu :).

Concernant la plume de Dai Sijie, je l’ai trouvée parfois poétique malgré la prépondérance d’action. Cependant, je n’ai pas compris pourquoi Mâ était le narrateur. Je crois que j’aurais préféré suivre le point de vue de Luo, m’étant davantage attachée à sa personnalité. Un autre point qui m’a dérangée : le changement de pronom choisi par Mâ dans le récit. Si le récit est écrit au «je», Mâ emploie parfois la troisième personne pour parler de lui, ce qui peut parfois empêcher le lecteur de bien suivre.

Quelques éléments loufoques viennent ajouter de l’humour et de la bonne humeur, apportant au roman un peu de fraîcheur bien accueillie. Des personnages et des événements improbables viennent un peu égayer le récit, le rendant ainsi un peu plus agréable à lire.

Bref, vous l’aurez compris, Balzac et la Petite Tailleuse chinoise ne m’a pas franchement emballée. Si l’aspect historique est intéressant, les personnages ne sont pas attachants et l’histoire laisse un goût d’inachevé.

Si vous l’avez lu, qu’en avez-vous pensé? Avez-vous vu le film?

229 pages. Éditions Folio