Chers lecteurs, un petit nouveau fait son entrée dans la cour des coups de cœur ! Vous l’aurez deviné, Martin Eden a été une lecture magnifique et ce, dès les premières pages ! Je vous invite donc à (re)découvrir cette œuvre magistrale.

Dès la première page, vous entrez dans l’action. Ici, pas d’explications, pas de « situation initiale», Jack London fait plonger son lecteur dans la vie de Martin, jeune marin, qui va rencontrer la famille d’un certain Arthur. Seulement, la famille dudit Arthur vient d’une classe supérieure à celle de Martin et celui-ci ne se sent pas à sa place dans leur demeure. Il y a tant de jolies choses et Martin est si maladroit et fort… Il est sauvé par des livres (Oui, oui, oui, des livres !!! ). Ceux-ci attirent son attention et il va donc les feuilleter, jusqu’à l’arrivée de Ruth, la sœur d’Arthur. Ou comment avoir un coup de foudre. Martin souhaite s’élever au niveau de Ruth et commence donc à dévorer tous les ouvrages qu’il peut trouver pour parfaire sa culture. Il découvrira rapidement que ce qu’il souhaite faire, c’est écrire. Et c’est ce qu’il fait, nuit et jour. La suite ? À vous de la découvrir…

Seuls deux bémols sont intervenus pendant ma lecture, et ils sont un peu liés : à un moment de l’histoire, je trouvais le temps long, et je n’étais pas certaine de savoir à quelle période je me situais. Combien de temps s’était écoulé depuis le début du roman ? Je n’en savais rien. Mais, comme j’étais malade au moment de ma lecture, je pense que cela a pu jouer sur ma compréhension et mon intérêt…

Maintenant, le positif ! C’est-à-dire à peu près tout…

D’abord, le personnage de Martin est infiniment attachant. Sensible, travailleur, réfléchi, parfois impulsif, je me suis un peu reconnue dans certaines de ses réflexions. Suivre son apprentissage et son développement se révèle passionnant, stimulant et inspirant.

Au moindre choc, ses pensées, ses sympathies, ses émotions s’élançaient, bondissantes comme des flammes vives.

La critique de la société faite par Jack London à travers Martin est également très intéressante… et malheureusement toujours un peu d’actualité. Martin n’a pas de «situation» ? Il faut qu’il en trouve une ! Il s’arrache à la vie pour écrire, encore écrire, toujours écrire ? C’est inutile et stupide, il ne gagnera pas sa vie comme cela ! Il n’y a pas que les bourgeois qui pensent cela, la famille de Martin est du même avis. Et ces pensées, Martin veut les combattre. Il veut leur montrer qu’il travaille, même s’il ne s’agit pas du même travail que celui des autres.

Cependant, la famille de Ruth craint qu’il ne fasse pas un bon mari à cause de cela. Et Ruth, malgré son amour toujours plus fort – qu’elle prend en fait pour de la pitié, car on ne peut pas aimer un homme de condition inférieure, n’est-ce pas ?  – pense la même chose. Elle tentera elle aussi de faire céder Martin, de l’amener à la raison.

Elle avait une de ces mentalités comme il y en a tant, qui sont  persuadées que leurs croyances, leurs sentiments et leurs opinions sont les seules bonnes et que les gens qui pensent différemment ne sont que des malheureux dignes de pitié. C’est cette même mentalité qui de nos jours produit le missionnaire qui s’en va au bout du monde pour substituer son propre Dieu aux autres dieux.

L’hypocrisie, l’opportunisme, l’intérêt pour ceux qui ont de l’argent sont autant d’éléments que l’auteur a voulu dénoncer. Personne n’osant vraiment décrier ces situations, Jack London a créé un personnage capable de reconnaître ces injustices, tout en sachant assumer ses propres défauts. Vous avez dit parfait ?

Bien sûr, le thème de l’amour est également très important, la relation entre Martin et Ruth pouvant être vue de diverses façons. Leur amour est-il sincère ?

L’écriture est dépeinte comme un travail acharné, nul ne pourra dire qu’il est facile d’écrire une nouvelle, un roman, ou tout autre ouvrage. Le dépassement de soi dont fait preuve Martin en inspirera plus d’un.

Finalement, Jack London s’est inspiré de sa propre vie pour écrire ce livre, prêtant à Martin certains traits de caractère. La différence majeure ? Martin est contre le socialisme, tandis que Jack le soutient. L’auteur réussit parfaitement à se mettre à la place de quelqu’un avec des opinions différentes. (Ça me rappelle mes cours de français, dans lesquels on faisait des débats, et où il fallait défendre la position qu’on nous octroyait, qu’elle soit la nôtre ou pas.)

Si vous n’êtes toujours pas convaincus, sachez que la plume de Jack London est magnifique. Je vous ai déjà laissés quelques extraits, en voici d’autres :

Si leur âme avait été capable de comprendre la beauté, n’auraient-ils pas vu dans ces yeux rayonnants, sur tout ce visage ardent, le signe évident du premier amour ?

Il aimait la poésie parce qu’il aimait la beauté ; mais depuis qu’il l’avait rencontrée, les portes d’or donnant accès aux champs divins de l’amour poétique s’étaient ouvertes.

Elle n’était pas descendue des hauteurs. C’était lui qui s’élevait dans les nuages, vers elle.

Autour d’eux, le charme de la beauté mourante était trop puissant. La saison vermeille s’évanouissait comme elle avait vécu, splendide et voluptueuse, et le souvenir de ses ivresses alourdissait l’air. Elle pénétrait en eux, avec ses rêves et ses langueurs, amollissait leurs nerfs, enveloppait leur volonté, leur raison, d’un brouillard vaporeux.  

Bref, je ne peux que vous conseiller de lire Martin Eden si ce n’est pas déjà fait. Chacun peut y trouver son compte. Je n’ai pas lu d’autres livres de l’auteur ; j’ai Croc-Blanc dans ma PAL, mais j’attends vos avis sur toutes les œuvres de Jack London !

Avez-vous lu Martin Eden ? Souhaitez-vous le lire ?