Quinzième tome de la saga des Rougon-Macquart, La Terre s’attarde sur l’histoire de Jean Macquart, employé à la ferme d’Hourdequin, ainsi que sur celle de nombreux autres personnages, dont la famille Fouan, dont la terre sera séparée entre les trois enfants.

Couverture La Terre

C’est pour mon cours de littérature du XIXème siècle que j’ai dû lire La Terre. Ce n’était pas le Zola qui me tentait le plus, je dois l’avouer (bien que je ne serai désormais plus jamais dérangée par l’idée de lire cet auteur), et il me faisait peur de par sa longueur. Un texte très long, effectivement, mais ô combien passionnant !

Le roman débute un matin, et narre la rencontre entre Jean et Françoise, jeune paysanne. S’ensuit alors la description de la famille Fouan, notamment des parents qui, désormais très âgés, vont devoir séparer leur terre entre leurs trois enfants, Hyacinthe, dit Jésus-Christ, Fanny, mariée à Delhomme, et Buteau, qui a mis sa cousine Lise, grande sœur de Françoise, enceinte (oui, j’ai été obligée de prendre des notes pour éviter de me perdre). Alors les querelles débutent (et pas uniquement au sein de la famille Fouan !).

C’est un roman d’une très grande violence. Ayant lu la préface, je savais à quoi m’attendre (les spoils, ces horreurs) et pourtant, je n’en ai pas été moins choquée. Il faut dire que Zola a créé des personnages particulièrement pleins de défauts. Pourquoi cet acharnement contre les paysans ? Pourquoi les montrer sous ce jour si horrible (de manière générale) ? Est-ce totalement réaliste ? Ai-je mal compris ? J’ai hâte de pouvoir répondre à toutes ces questions grâce au cours. Pour le moment, je ne peux qu’exprimer mon ressenti…

Pourtant, malgré ce portrait quelque peu sombre dressé par Zola, je me suis attachée à plusieurs personnages. Jean, notamment, qui reste l’étranger du groupe, lui qui ne vient pas de Beauce. Françoise aussi, qui m’a plu grâce à son besoin de justice et son entêtement. Fouan, pour finir, vieil homme dont la déchéance m’a bien attristée.

La terre est un peu un personnage à part entière. C’est elle qui régit la vie de tous les autres. Elle est parfois décrite comme étant la maîtresse de certains hommes, elle est voulue, désirée. Il y a un rapport charnel, presque érotique à celle-ci. C’est quelque chose qui me frappe dans les quelques œuvres de Zola que j’ai lues cette dernière année. On ne le voit pas comme un auteur écrivant sur la sensualité, la sexualité (hormis dans les livres dans lesquels c’est plus explicites, comme Nana), mais j’ai l’impression que le thème revient, de façon plus ou moins subtile, en permanence. Ici, la fécondité de la terre est un peu en parallèle avec celle des humains. 

Il s’agit également d’un roman sur la perte, dans tous les sens du terme. Je ne souhaite pas gâcher votre plaisir de lecture en vous dévoilant tout, aussi ne m’attarderai-je pas là-dessus, mais il s’agit d’un thème qui m’a remuée. J’ai eu les larmes aux yeux à plusieurs reprises.

J’ai parfois aussi ri. Des scènes cocasses, des répliques drôles… Il y avait longtemps que je n’avais pas éclaté de rire en lisant (cela m’arrive bien moins souvent que de pleurer), et ça n’a pas été désagréable, bien au contraire.

On ne peut pas oublier les élucubrations politiques et religieuses, notamment celles qui concernent les campagnes, les cultures. Ce n’est pas un sujet que je maîtrise, aussi je ne fais que le mentionner, car il est marquant à plusieurs reprises, mais je ne saurais réellement l’expliquer (et puis, encore une fois, je ne vais pas tout vous dire, sinon, vous n’aurez plus envie de le lire !).

Je suis donc toujours aussi amoureuse de Zola (je crois que ça ne changera jamais ; je ne l’espère en tout cas pas du tout), même si j’ai toujours l’impression de ne pas en parler comme il faut, et j’ai très hâte de pouvoir analyser ce texte plus profondément, d’en comprendre tous les mécanismes. Cela dit, peut-on réellement saisir une oeuvre complètement, ou garde-t-elle à tout jamais des mystères ? Un enseignant a un jour dit que les chercheurs en littérature n’avaient pas toujours bonne réputation, car ils se posent des questions auxquelles ils n’obtiendront jamais de réponses sûres… Cela ne me fera pas changer d’avis : il s’agit du métier que j’aimerais faire !