Récit pudique d’un homme passionné par la politique.

Couverture Rase campagne

Gilles Boyer était le directeur de campagne d’Alain Juppé lors de la primaire de la droite et du centre (2016). Dès le départ, Alain Juppé était donné gagnant ; pourtant, c’est finalement François Fillon, qui était plutôt loin derrière dans les sondages, qui l’a emporté. Comment, pourquoi ? Ce sont, entre autres, les questions auxquelles Gilles Boyer a tenté de répondre.

Dans Rase campagne, il nous raconte également son parcours, son engagement en politique, tout particulièrement les quinze années pendant lesquelles il s’est engagé auprès d’Alain Juppé, la campagne, évidemment. Finalement, on pourrait dire qu’il se raconte. Avec beaucoup de pudeur, certes (et c’est certainement ce qui fait sa force), mais en dévoilant au lecteur sa sensibilité. Et son humour, souvent teinté d’ironie (si vous ne le suivez pas sur Twitter, vous attendez quoi ? @GillesBoyer). Son humilité, aussi. 

Pour peu que l’on s’intéresse à la politique, Rase campagne se révèle être passionnant. Peut-être grâce à l’auteur et à sa plume. Grâce à ses questionnements, également, ainsi qu’aux réponses qu’il tente de fournir. Parce qu’on sent la sincérité de son introspection ; il décrit le beau comme le moins beau, le plus facile comme le plus difficile, toujours avec passion.

Politique, je t’adore et je te déteste. Alors, marions-nous !

La politique et moi, c’est comme un vieux couple : on s’agace souvent, mais au fond, on s’aime. Quand j’y suis, je me dis que je devrais faire autre chose, mais dès que je n’y suis plus, ça me manque viscéralement.

C’est une drogue dure. Par comparaison, tout m’a toujours semblé dérisoire, alors qu’évidemment, ça ne l’est pas. Mais la politique, c’est mon monde. Le premier monde que j’ai connu, pour le meilleur et pour le pire, mais globalement pour le meilleur.

Je n’ai pas lu Rase campagne à la vitesse de l’éclair (sauf la fin), mais j’en dévorais chaque page, j’en savourais chaque mot. La politique n’est pourtant pas mon domaine de prédilection, je n’y connais rien, je m’y intéresse depuis environ deux ans (j’étais très heureuse de regarder le débat du premier tour de la présidentielle avec mon papa), ce qui ne représente rien dans toute une vie (mais il faut bien commencer quelque part, n’est-ce pas ?)Je ne qualifierais pas Rase campagne de coup de cœur et pourtant, je sens que ce livre occupe une place importante pour moi. Peut-être pour les raisons que j’ai déjà évoquées, peut-être aussi parce que la relation entre Gilles Boyer et Alain Juppé me touche. Je crois aussi qu’entre un lecteur et un livre, il y a une rencontre, qui, dans ce cas précis, est arrivée au bon moment et est inexplicable

266 pages. JC Lattès.