J’avais découvert Agnès Martin-Lugand avec Entre mes mains le bonheur se faufile et avais eu un coup de cœur. Je ne qualifierais pas Les gens heureux lisent et boivent du café de coup de cœur, mais j’ai passé un excellent moment ! 

Couverture Les gens heureux lisent et boivent du café 

L’histoire est celle de Diane, qui a perdu son mari et sa fille dans un accident de voiture. Le café littéraire qu’elle tient avec son meilleur ami, Félix part à vau-l’eau, tout comme elle-même. Elle part alors en Irlande pour tenter de se reconstruire.

Le deuil. Thème particulièrement difficile. Peut-être encore plus lorsque l’ordre « naturel » des choses n’est pas respecté. Je redoute le terme « pathos » que certains pourraient employer pour décrire ce livre. Un terme que je déteste, que je considère plutôt comme hypocrite et utilisé pour juger. Or, comme Diane pourrait tout à fait être réelle, je ne supporte pas que l’on puisse juger ses réactions et ses actions. Alors, oui, elle semble parfois tourner en rond, mais à sa place, je crois que j’en ferais de même. Pour moi, ce roman est tout simplement réaliste

Il est réaliste dans la mesure où je crois que les réactions de Diane, sa façon de vivre le deuil sont tout à fait justes et sincères. Chacun a une vision différente de chaque chose qui compose la vie. Et certaines personnes jugent rapidement les autres lorsqu’ils réagissent différemment. Aussi, je crois qu’il faut simplement accepter les décisions de Diane pour apprécier le récit. Je me sens assez proche d’elle, tout en ayant une vie et une personnalité totalement différentes. L’écriture, parfois incisive, très sincère, permet de ressentir ses émotions, son désarroi. J’ai souvent eu les larmes aux yeux pendant ma lecture. J’avais parfois l’impression d’être à la place de Diane, de recevoir des coups de poings dans l’estomac (bonjour, je suis une éponge émotionnelle !)

Tout est mis en oeuvre pour que l’on plonge dans l’histoire. Tant au niveau de l’écriture, des émotions que du rythme. Assez soutenu, avec quelques actions un brin exagérées, mais encore une fois, réaliste. Parce qu’il y a des moments où Diane bouge, d’autres où elle s’en sent incapable. Si la vie n’est pas un long fleuve tranquille, elle n’est pas non plus un océan constamment déchaîné. 

Quelques clichés sont un peu agaçants, il faut l’admettre. Je pense notamment à Félix, ainsi qu’aux clichés sur l’Irlande, où je ne peux pas croire que tous les hommes sont des armoires à glace et que tout le monde se rend dans un pub presque quotidiennement. Je n’ai pas prêté trop d’attention à ces clichés, mais je sais que d’autres lecteurs leur accorderaient bien plus d’importance ; il me semble donc important de souligner ce point.

Rappelez-vous : en vous faisant part de mes premières impressions, je vous confiais craindre le dénouement. Tout aurait pu être d’une facilité déconcertante – et surtout, décevante. Heureusement, ce n’est pas le cas ! Agnès Martin-Lugand a su donner encore plus de profondeur à Diane en la faisant prendre des décisions difficiles, réfléchies et nécessaires. La fin décevra certainement quelques lecteurs, c’est inévitable, mais là n’est pas l’important.

L’important, c’est Diane. Son épanouissement. Ses échecs, ses réussites. Ses rencontres, son voyage. Sa façon de traverser le deuil. Son humanité. Sa sincérité. C’est pour cette raison que je fais le choix de ne pas parler des autres personnages et des autres petites intrigues. Pour que vous vous plongiez dans la lecture en observant – et en vivant, en quelque sorte – une femme brisée qui tente de se reconstruire. Certains y trouveront de l’inspiration, d’autres pas, mais on ne perd rien à essayer 😉 

Avez-vous lu ce livre ou un autre d’Agnès Martin-Lugand ? 

253 pages. Éditions Michel Lafon