Tiré du recueil Satori Express, voici le poème « L’ombre d’une pierre qui roule », pour vous faire (re)découvrir Zéno Bianu.
L’OMBRE D’UNE PIERRE QUI ROULE
(sur une photo de Maxime Godard)
pour Mick Taylor
quelque chose
s’est fripé dans ton visage
la marque la trace
de milliers de solos
quelque chose
on ne sait
s’est figé un jour
un frimas du cœur
cinq ans avec les pierres qui roulent
sans vraiment refaire surface
cinq siècles de sourires
épuisés
quelque chose
sans répit s’est creusé
quelque chose d’absolument voûté
à ta manière de dandy rural
d’Oscar Wilde mal ficelé
capable d’offrir
sa vulnérabilité
une fissure
dans les hauts-fonds de la mémoire
une fissure originelle
un effondrement vertébral
le blues même
comme boussole interne
au cœur des cellules
le grand révélateur
tourner
tourner encore et toujours
franchir toutes les frontières
Atlanta Bratislava
jouer lors d’un même concert
Catfish Blues
Red House
Little Red Rooster
continuer d’exister à tout prix
à toute vie
une quête de salut
jusqu’au cœur du spectral
donner
s’adonner
s’abandonner
jeteur de sorts
ou pipeur de dés
tu lâches des grappes de notes
tous ces raisins jaspés que l’on cueille
sur l’autre versant du miroir
tu as su
t’autodétruire lentement
naturellement
vivre chacun de tes jours
en sommeil paradoxal
tu as su faire
de vieux os
les grands jardins liquides
tu les as explorés
entre lassitude
et claire lumière
tu maîtrises à présent
chaque larsen
comme un retour à la maison
après une guerre lointaine
jusqu’à capter
les tressaillements du silence
8 janvier 2022 at 16 h 43 min
un de mes poèmes préférés !! beau choix ❤
J’aimeAimé par 1 personne