Parmi mes dernières lectures se trouvent les Pensées de Marc Aurèle. Je vous parlerai de mon ressenti de lecture dans le billet sur mes lectures de mois d’août, mais j’avais envie ici d’aborder une certaine partie du développement personnel à laquelle j’ai pensé durant ma lecture.

Les Pensées de Marc Aurèle sont proches du stoïcisme. Attention, je ne vais dans cet article ni parler de Marc Aurèle lui-même, ni du stoïcisme. Je suis loin d’être une spécialiste, et l’époque et le contexte d’écriture me semblent de toute façon n’avoir rien à voir avec le sujet que je souhaite aborder. Simplement, c’est en lisant Marc Aurèle que j’ai pensé au développement personnel, catégorie de livres qui est, depuis quelques années, extrêmement populaire. En effet, Marc Aurèle se propose de ne penser qu’au présent, de ne se laisser abattre par rien ni personne, de ne se formaliser d’aucun tort qu’on lui ferait, d’éliminer, en quelque sorte, toute émotion négative qui surgirait en lui. 

Et là, j’ai pensé « eh, mais c’est un peu ce que certaines branches du développement personnel nous proposent, non ? ». Pour trouver le bonheur, c’est simple, il suffirait de sourire continuellement et de dire à nos colères, tristesses, ou autres émotions négatives : « dégage, je n’accepte que la joie ». Là se posent, dans ma tête, plusieurs problèmes. De un, si c’était si simple, on serait tous heureux, non ? On n’aurait pas à écrire pléthore de bouquins là-dessus, qui disent tous la même chose mais ne servent visiblement qu’à très peu de personnes. Ensuite, on sait que ces émotions – la colère, la tristesse, la peur, etc. – sont naturelles. Or, si elles sont naturelles, c’est qu’elles ont leur utilité ; pourquoi vouloir les supprimer ?

Évidemment, je sais que ce ne sont pas tous les livres de développement personnel qui se basent là-dessus. Peut-être aussi est-ce une philosophie à adopter qui ne me convient tout simplement pas. Je ne veux pas juger les gens qui tentent ces astuces. Simplement, je suis sceptique. Tout ça me paraît bien suspect. 

Je ne nie pas que dans certains contextes, certaines fonctions, ça peut être utile. Un chef d’entreprise qui hurlerait au moindre petit souci risquerait vite de sombrer. On voit, sur les plateaux télé, des gens qui s’emportent et qui n’en sont que plus ridicules ; leur message ne passe donc pas. Il s’agit donc de contrôler ses émotions, et ça, le développement personnel n’en finit pas de le dire. Mais pour moi, il y a contrôle et contrôle.

Se contrôler pour ne pas frapper le premier venu qui dit une bêtise, ne pas se mettre à hurler en plein milieu de la rue, par exemple, d’accord. Mais quand contrôler devient synonyme de supprimer, là, je trouve qu’il y a un problème. 

Vous le savez peut-être, je souffre de dépression. Depuis si longtemps que j’en viens à me demander si ce n’est pas chronique, mais là n’est pas la question. J’ai pensé au développement personnel. Mais les titres du genre « Trouvez le bonheur », « Le bonheur est déjà là » me paraissent nuls au possible. Je trouve leur contenu généralement trop simpliste, et bien similaire, comme si l’on cherchait à faire de nous des humains semblables à 100%, des petits robots bien gentils… tout en nous disant « restez vous-mêmes ! ». Euh… y a pas un souci ?

Je ne suis pourtant pas contre les livres de développement personnel ; certains m’ont apporté un plus. Mais ces ouvrages tendent généralement vers la psychologie pure, c’est-à-dire qu’ils me fournissent des informations, des précisions, des explications sur les mécanismes. Ils m’expliquent que si une émotion surgit, c’est qu’il y a un problème, qu’il va falloir le trouver, mais que, parfois, on ne trouve pas tout de suite, et ce n’est pas grave. Ils me proposent des solutions rapides pour vivre avec l’émotion. Des solutions qui ne fonctionnent pas tout le temps, pas pour tout le monde, etc., mais surtout, surtout, ils ne me disent pas « oh, il faut juste ne pas être triste, arrête de pleurer ». Non, parce que si je pleure, c’est qu’il y a une raison, et si je pleure, c’est que c’est nécessaire. 

La dépression fait peur, vous savez. Pourtant, elle me semble nécessaire. Je ne souhaite à personne de souffrir, bien entendu, mais c’est une maladie qui m’a fait ouvrir les yeux sur certaines choses, qui m’a permis de mieux me connaître, de tenter de vivre au plus près de mes valeurs, de mes envies, bien que ce ne soit pas toujours simple. Et si je parle de mes valeurs et de mes envies, ça veut bien dire que ce ne sont pas les mêmes pour tout le monde. Alors pourquoi y aurait-il une seule recette au bonheur ?

Pour Marc Aurèle, c’était peut-être bien bon, tout ça. Forcément, en tant qu’empereur, il se doutait bien qu’on allait s’en prendre à lui, c’était inévitable. Il a donc choisi de laisser faire, de tourner la page. Mais pour nous, aujourd’hui, peut-on vraiment dire que quelqu’un qui nous fait du mal ne nous fait pas vraiment de mal puisqu’il ne fait pas de nous de mauvaises personnes ? À méditer…

Cet article est donc parti un peu dans tous les sens, et j’en suis désolée. Ces pensées me sont venues au fil de ma lecture, mais, encore une fois, je ne critique pas du tout Marc Aurèle (qui, par ailleurs, me semble plutôt admirable, selon la petite biographie qui se trouve en introduction du livre), ni le stoïcisme en lui-même, que je ne maîtrise pas. Et le développement personnel n’est pas à jeter, loin de là. Simplement, pour ma part, je préfère que le livre ait un sujet bien précis et qu’il contienne de nombreuses explications et non des injonctions déguisées.

N’hésitez pas à me faire part de votre avis sur le sujet, à me conseiller des lectures, à me dire si certains livres de développement personnel vous ont aidé.