Bonjour ! C’est aujourd’hui un billet relativement simpliste que je vous propose : il s’agit des lectures que j’ai à effectuer pour mon premier semestre en Master création littéraire. N’hésitez pas à venir me parler des livres que vous avez lus !

Après ma licence de lettres modernes, je savais que je me dirigerais vers le Master création littéraire. Celui-ci a été créé au Havre, où j’étudie. Hormis les cours de tronc commun, d’autres cours sont à choisir parmi ceux de deux profils. Il y a le profil Création littéraire, résolument tourné vers l’écriture, la création ; et le parcours Littérature, qui poursuit les enseignements littéraires commencés en licence. Pensant me diriger vers un doctorat, j’ai choisi le parcours Littérature. Ainsi, j’ai dû choisir trois cours parmi ceux de mon parcours, et un cours du parcours Création littéraire. Je vais donc dans ce billet vous montrer les lectures demandées par les professeurs dans les différents cours (ceux pour lesquels il y a des lectures obligatoires).

Les cours de tronc commun

Pour les cours de tronc commun, celui de littérature comparée est celui qui demande le plus de lectures. En effet, j’ai, pour ce cours, pas moins de douze lectures obligatoires ! 

  • Sapphô, Odes et fragments

Couverture Odes et fragments

Née à Érèse, près de Mytilène, en l’île de Lesbos, vers 612 avant notre ère, Sapphô fait partie de l’aristocratie. Elle est contrainte à un mariage douloureux. Elle est exilée en Sicile par le tyran Mélanchros, puis graciée par son successeur Pittacos. De retour à Mytilène, elle dirige une académie accueillant et éduquant les jeunes filles de la noblesse. La biographie de celle que Platon appelait «la dixième des Muses» tient donc en quelques indications approximatives, et son œuvre, réchappée des désastres du temps et de l’histoire, livre aujourd’hui à peine plus de 600 vers alors qu’elle en comptait près de 12 000. Mais ceux qui nous sont parvenus forment désormais, sur le mode discontinu, autant d’aveux oraculaires qui portent la lumière et la force d’un feu fougueusement sacré tout entier voué à l’Amour.

  • Héraclite, Fragments

Couverture Fragments

Quel est le véritable Héraclite ? Celui de Hegel ? Celui de Nietzsche ? Celui de Heidegger ? Un autre ? La présente édition des Fragments de son uvre perdue vise, en conjuguant l’étude philologique et l’analyse philosophique, à restituer, autant que cela est possible, la pensée même d’Héraclite, dans son unité et sa cohérence. Ce qui surgit ainsi des ruines du texte est une structure belle, un cosmos, une sorte de temple grec déployant son harmonie dans la durée. Chaque fragment apporte sa précision nécessaire ; chacun est complémentaire de tous les autres; même si quelques-uns, plus décisifs, jouent le rôle de pierres d’angle. De ce temple, profondément logique, émanent un rayonnement, une sagesse, un appel, un espoir. De l’éternelle vérité, aucun philosophe fut-il jamais dans une proximité plus grande ?
Avec Héraclite, dit Hegel, « la terre est en vue ».

  • Marc Aurèle, Pensées pour moi-même 

Couverture Pensées pour moi-même suivies du Manuel d'Epictète

On sent en soi-même un plaisir secret lorsqu’on parle cet empereur ; on ne peut lire sa vie sans une espèce d’attendrissement ; tel est l’effet qu’elle produit qu’on a meilleure opinion de soi-même, parce qu’on a meilleure opinion des hommes. MONTESQUIEU

  • Li Baï (ou Li Po), L’Immortel banni sur terre buvant seul sous la lune

Li Po, L'immortel banni sur terre buvant seul sous la lune

De tous les grands poètes chinois, Li Po (ou Li Bai, 701-762) est sans conteste celui dont le génie est le plus extravagant. Son contemporain et ami Tu Fu, autre immense poète, disait de lui : « son poème achevé, dieux et diables pleurent. » Son imaginaire taoïste débridé et frappant, associé à son amour immodéré pour le vin et à sa vie errante, font de lui une figure iconoclaste et universelle.

Autour de ses poèmes, calligraphiés et traduits par leurs soins, Cheng Wing fun et Hervé Collet ont articulé une passionnante biographie de ce sage incongru qui fait revivre simultanément l’atmosphère historique de la Chine des Tang et la magie discrète et enivrante de la nature éternelle. Convié à un voyage initiatique sur le Long Fleuve et dans les montagnes sacrées, le lecteur y croisera des ermites taoïstes et des maîtres ch’an, des amis poètes, des courtisanes et le Fils du ciel en personne.

  • Omar Khayyam, Quatrains

Couverture Quatrains

Les rubaiyat d’Omar Khayyâm constituent un trésor universel où, depuis le XIe siècle, poètes, philosophes, commentateurs et lecteurs, en Orient comme en Occident, n’ont cessé de puiser. Objets de culte tour à tour pillés ou enrichis, continuels sujets à controverses, énigmatiques à force de contradictions. Seul Shakespeare peut-être aura soulevé autant de questions et rayonné avec une telle portée par-delà les frontières, culturelles et temporelles. Car c’est bien le temps, et la mort, que le poète persan, grand mathématicien et disciple d’Avicenne, aura d’abord transgressés, par la force d’un art visionnaire. Ce temps, qu’il assimile au vin, au sang de la vigne jour après jour transmué dans celui de son corps. Ce vin, qu’il invoque avec une insistance obsessionnelle (on pense à la Laure de Pétrarque ou au Christ de saint Jean de la Croix) dans un questionnement frénétique, une confrontation permanente avec un Dieu muet. Athée, Omar Khayyâm ? Homme libre plutôt, farouchement libre, indifférent au paradis comme à l’enfer, fuyant l’hypocrisie et le mensonge. Épicurien ? Mais Khayyâm sait aussi trouver les images les plus audacieuses pour dire la peine et l’angoisse d’une condition trop humaine. Soupirs d’extase et cris de rage ont ainsi traversé les siècles et défié le temps, portés par une inaltérable modernité. –Scarbo

  • Rimbaud, « Lettres du voyant » (que l’on trouve dans ses œuvres complètes)

Couverture Poésies, Une saison en enfer, Illuminations

  • Nietzsche, Ecce homo

Couverture Ecce Homo

Maître de la pensée invectivante, Nietzsche ne cherche pas à démontrer, il assène, tranche, cogne. L’enjeu est de taille : il s’agit de réveiller un Occident englué dans plus de deux millénaires d’épais fourvoiement moral et philosophique. Ecce Homo,  » Voici l’Homme « , titre le plus insolent de l’histoire de la philosophie.  » Voici le plus homme des hommes, Nietzsche en personne, ou Dionysos, son double, son modèle, son frère, et cet homme s’est construit la plus redoutable des santés. « 

  • Virginia Woolf, Les Vagues (je suis contente, je voulais le lire depuis un moment !)

Couverture Les vagues

Six personnes, trois hommes et trois femmes, se quittent au sortir du collège et se retrouvent à différentes étapes de leur vie, sans jamais véritablement se rencontrer.
Perceval, dont la figure mystérieuse se précise au fil des pages, constitue le lien qui les rattache progressivement l’un à l’autre. Dans ce récit ponctué par la course du soleil, le flux et le reflux des vagues, Virginia Woolf suit les cheminements tortueux de la pensée humaine. Imposant un rythme qui conduit parfois au vertige, elle donne une stupéfiante démonstration de la solitude de l’être, ses illusions et désillusions, sa tendresse et sa cruauté.

  • Anna Akhmatova, Requiem

Couverture Requiem

L’or se couvre de rouille, l’acier tombe en poussière, Et le marbre s’effrite. Tout est prêt pour la mort. Ce qui résiste le mieux sur terre, c’est la tristesse, Et ce qui restera, c’est la Parole souveraine. Anna Akhmatova. En Russie, à la fin des années trente, parmi les millions d’innocents arrêtés qui disparaissent dans les cachots et dans les camps, il y a le fils d’Anna Akhmatova, un des grands poètes russes du siècle. Elle compose alors des poèmes qu’elle n’ose même pas confier au papier : des amis sûrs les apprennent par coeur et, pendant des années, se les récitent régulièrement pour ne pas les oublier. En évoquant sa tragédie personnelle, Akhmatova parle au nom de toutes les victimes, et aussi de toutes les femmes qui, comme elle, ont fait la queue pendant des semaines et des mois devant les prisons. Ses vers  » formés des pauvres mots recueillis sur leurs lèvres « , comptent parmi les plus poignants de la littérature russe. Les dizaines de millions de voix étouffées et brisées qui, grâce à elle, traversent l’espace et le temps pour parvenir jusqu’à nous, résonneront encore longtemps dans la mémoire de la Russie.

  • Marine Tsvetaeva, Vivre dans le feu

Couverture Vivre dans le feu

Tout cela, Marina l’a écrit, avec une minutie poignante, poursuivant sans relâche son monologue dans des cahiers de brouillon et des carnets. Seule la mort l’a empêchée d’en faire un livre. Pour établir ce qui constitue une véritable autobiographie de Tsvetaeva, Tzvetan Todorov a extrait des dix tomes d’écrits intimes publiés en russe la matière d’un volume, Vivre dans le feu : un chef-d’œuvre.

  • Paul Celan, Choix de poèmes et Entretien dans la montagne

Couverture Choix de poèmesEntretien dans la montagne - Paul Celan - Babelio

J’ai ensuite un cours intitulé « Critique littéraire, critique d’art », pour lequel je dois lire deux œuvres de Huysmans : Là-Bas et Écrits sur l’art.

Couverture Là-bas

Partout les formes obscènes montent de la terre, jaillissent en désordre dans le firmament qui se satanise ; les nuages se gonflent en mamelons, se fendent en croupes, s’arrondissent en des outres fécondes, se dispersent en des traînées épandues de laite ; ils s’accordent avec la bombance sombre de la futaie où ce ne sont plus qu’images de cuisses géantes ou naines, que triangles féminins, que grands V, que bouches de Sodome, que cicatrices qui s’ébrasent, qu’issues humides !… et il voudrait bafouiller dans de la chair de déesse, il voudrait trucider la Dryade, la violer à une place inconnue aux folies de l’homme ! 

Couverture Ecrits sur l'art 1867-1905

Découvreur de l’impressionnisme et révélateur de nombreux talents, Huysmans a contribué par sa critique d’art à l’évolution des idées esthétiques au tournant des XIXe et XXe siècles et au renouveau de la peinture moderne. De l’art flamand et hollandais des XVIIe et XVIIIe siècles au symbolisme, c’est un panorama des plus brillants de l’histoire de l’art qui est livré au public à travers cette importante somme. Première édition intégrale, ces écrits comportent une cinquantaine de textes retrouvés.

Enfin, pour un cours intitulé « Écrire », je devrai présenter un recueil de poésie du XXIe siècle. Je n’en connais pas, il va donc falloir que je cherche vite !


Mes autres lectures obligatoires sont dans les cours que j’ai choisis faisant partie du parcours Littérature. J’ai choisi les cours sur la littérature médiévale, le XVIe siècle, et le XIXe siècle.

Pour la littérature médiévale, je dois lire Le Jeu de Robin et Marion et Le Jeu de la Feuillée d’Adam de la Halle.

Loin d’être une naïve pastorale chaste et gracieuse, Le Jeu de Robin et Marion, par un subtil agencement du texte et de ses avant-textes, dévoile peu à peu la réalité du monde paysan, monde à l’envers, carnavalesque, livré à l’ignorance, à la grossièreté et à la folie, voué à rester dans l’espace sauvage et ne sortant de la nuit que pour amuser un public aristocratique et bourgeois. Mais peut-être les paysans, à l’école de la chevalerie courtoise, finiront-ils par échapper à leur folie originelle comme Perceval le Gallois, force d’avenir qu’Adam de la Halle insinue entre les lignes, à travers un portrait complexe, ambigu, presque contradictoire.

Couverture Le Jeu de la feuillée

Avec Le Jeu de la feuillée, Adam de la Halle invente le théâtre de la lucidité qui refuse les prestiges et les alibis de la littérature courtoise, les mythes et les idéaux du passé. Cette pièce très subtile, d’une déroutante richesse, est une expérience de théâtre total, greffé sur la fête populaire du carnaval, de théâtre de la rue sans scène ni salle, où les acteurs sortent du public pour jouer leur rôle et, leur tirade achevée, rejoignent les spectateurs. Dans ce psychodrame, qui est la matrice du théâtre comique médiéval, les personnages et l’auteur lui-même jouent les scènes de leur vie quotidienne, cherchant à exorciser les fantasmes d’une cité qui s’interroge sur elle-même.

Pour le XVIe siècle, c’est Délie, objet de plus haute vertu de Maurice Scève qui sera à l’étude. J’ai choisi la version originale, avec l’orthographe de l’époque, mais je risque de galérer un peu.

Couverture Délie : Object de plus haulte vertu

«Delie object de plus haulte vertu paraît en 1544 chez Antoine Constantin. Mais la première idée du recueil remonte beaucoup plus haut, bien avant même la date supposée de la « rencontre » avec « Délie ». Des témoignages de la vie littéraire contemporaine donnent à entendre que des épigrammes de Scève circulaient, ont été lues et connues ; autour du recueil à venir, on sent qu’il y a eu une attente. Les quatre cent cinquante épigrammes (le huitain et les quatre cent quarante-neuf dizains) se sont élaborées sur de longues années. L’œuvre ne se présente pas cependant comme l’entassement sans ordre de poèmes engrangés au cours du temps. Deux types de composition s’y combinent : l’un, narratif et philosophique à la fois, pourrait dessiner, on l’a vu, la progression d’un parcours amoureux, de l' »alliance » à la séparation et au renoncement, en passant par un certain nombre d’événements plus ou moins stéréotypés (malentendus, absences, jalousie, au centre desquels – mais non exactement situé – se dresse l’obstacle fondamental : le mariage de la Dame) ; ce parcours se double d’une évolution psychologique et spirituelle que le poète voudrait cohérente : la maîtrise progressive du désir, une ascèse dont le dernier mot serait peut-être le dernier mot du titre : « haute vertu ».» Extrait de la préface de l’édition de Françoise Charpentier parue chez Gallimard.

Enfin, pour le XIXe siècle, c’est Alcools d’Apollinaire qui est au programme. Déjà lu il y a environ un an, je l’ai relu en juillet, dans l’édition demandée. Ce n’est pas ma poésie préférée, mais il y a des éléments intéressants.

Couverture Alcools


Je ne compte bien sûr pas ici tout ce que j’aurai à lire pour mon mémoire, ni les lectures du second semestre, beaucoup moins nombreuses cependant, puisqu’il y a très peu de cours au second semestre, qui est davantage consacré au mémoire.