Un polar complet, dur, sombre. À ne pas mettre entre toutes les mains.

Couverture Millénium, tome 1 : Les hommes qui n'aimaient pas les femmes

L’histoire est complexe : Mikael Blomkvist, journaliste et fondateur du journal Millenium, est inculpé pour diffamation. En parallèle, il reçoit une étrange demande provenant d’Henrik Venger, vieillard à la tête d’une entreprise gigantesque. Sa petite nièce, Harriet a disparu, probablement assassinée il y a quarante ans. Henrik souhaite que Mikael retrouve l’assassin, qui, selon lui, fait partie de la famille. Mikael part donc à Hedeby, village que l’on pourrait considérer comme un huis-clos. Et puis il y a Lisbeth Salander, une jeune femme asociale, sous tutelle, génie de l’informatique et des recherches, qui, par hasard – ou pas – viendra l’aider dans son enquête.

C’est un polar bien complexe. Une enquête pour disparition et meurtre, une accusation de diffamation, une analyse du monde journalistique rondement menée, et ce titre. Les hommes qui n’aimaient pas les femmes. Ce titre porte plusieurs significations tout au long des 706 pages du roman. Des atrocités commises, il y en a à la pelle. Des descriptions horribles, quelques-unes aussi. Il faut bien s’accrocher. Pour ma part, j’avais vu l’adaptation avec Daniel Craig et Rooney Mara, je savais donc, en gros, à quoi m’attendre. Stieg Larsson n’est pas tendre avec ses personnages. Ils vivent parfois des injustices immondes. Et en tant que lecteur, on est pris dedans, on ne peut rien faire, et surtout, on se dit que, si ce sont des personnages fictifs, des gens bien réels vivent la même chose, ou des situations semblables. 

Lisbeth est certainement le personnage phare de cette saga, celui qui marque tous les esprits. Sous ses airs durs, elle est pourtant touchante. Bien souvent décrite comme asociale, elle pourrait pourtant surprendre. Je me suis un peu reconnue en elle (tout en ayant pas les mêmes capacités, ni le même passé, je vous rassure) Mikael, de son côté, est plus flou, je trouve. C’est vraiment son côté journaliste qui ressort, pas tellement sa personnalité. Je ne l’aime pas moins, cependant. J’aime son côté justicier, et son amour qui peut prendre différentes formes, sa façon d’être attentionné, le respect qu’il prodigue et inspire. 

Je ne parlerai pas des autres personnages, bien nombreux, pour éviter de trop en dire. Je dirai juste que je me suis parfois mélangé les pinceaux. Je ne savais plus qui était qui, je ne me souvenais plus des liens qui unissaient un personnage à un autre, etc. Heureusement, il y a deux ajouts assez sympas dans le roman : une carte de l’île et les noms des habitants sur chaque maison, puis un genre d’arbre généalogique, qui prend la forme d’une liste (Un conseil : mettez des marque-pages à ces endroits lorsque vous les trouverez, ça vous évitera de longues recherches…). La famille Vanger est si particulière qu’elle apporte une atmosphère étouffante au récit. Ça peut gêner, c’est vrai. De mon côté, j’ai adoré cette ambiance. On a un peu l’impression d’être pris dans le brouillard, sans pouvoir s’échapper. 

Le génie de Stieg Larsson, c’est d’avoir mené d’une main de maître toutes ces intrigues. Le rythme est plutôt lent, à mon avis, il ne se passe parfois pas grand-chose, mais j’ai été happée par le tourbillon des événements et des indices. Je n’ai pas ressenti de grosse surprise, étant donné que j’avais vu le film avant, mais j’avais oublié certains détails. Et puis, qu’on se le dise, il y a beaucoup plus d’éléments dans un livre que dans un film. (L’article Livre Ou Film ? Juste ici)

Et puis, toutes ces critiques assumées sur les « grands » de ce monde, sur les pourris, les hypocrites, les égoïstes, la perversité de certains hommes. Des révélations à vous faire froid dans le dos. Parce qu’encore une fois, il s’agit de fiction, mais de fiction finalement assez réaliste. Des gens mal intentionnés, de toutes catégories, ça existe. Difficile donc de rester impassible devant cette histoire complexe. Devant ces femmes qui souffrent. Malheureusement, ça peut paraître cliché. Mais comme c’est écrit par un homme, ça passe peut-être mieux. Nul besoin d’être féministe cependant pour être outré de ces violences qui n’en finissent pas.

J’ai bien hâte de découvrir le second volet de cette saga. Pour en découvrir plus sur Mikael et Lisbeth. Pour que cette fin qui m’a fait mal au cœur n’en soit pas une. Pour poursuivre d’autres criminels certainement. J’ai seulement parcouru le résumé du deuxième tome, qui me promet d’autres vibrations, d’autres déchirements. 

Bref, Millénium, c’est en quelque sorte un chef d’oeuvre. Des personnages principaux auxquels je me suis attachée, des thèmes complexes, traités subtilement et une construction de récit incroyablement bien menée. 

Et vous, qu’avez-vous pensé de Millénium ?

  706 pages. Babel noir.